Maurizio Pollini, Pleyel, 25/01/2009

Publié le par Friedmund

 

 

Ludwig van Beethoven

Sonate pour piano n°17 en ré mineur op.31 n°2

Sonate pour piano n°23 en fa mineur op.57

 

Pierre Boulez

Deuxième sonate 

 

Maurizio Pollini, piano

 

 

Le concert du jour ouvre une série exceptionnelle de neuf concerts de Maurizio Pollini à Pleyel qui s’achèvera en juin l’année prochaine. Ces perspectives polliniennes entendent juxtaposer la musique du vingtième siècle à quelques classiques du romantisme. Pierre Boulez, Riccardo Chailly, Peter Eötvös, le Petra Lang ou le Quatuor Hagen seront ainsi de la fête dans les mois qui viennent aux côtes de Maurizio Pollini, et seront invités du côté des orchestres rien moins que le Gewandhaus, l’Ensemble Intercontemporain, le Klangforum Wien ou encore le London Symphony Orchestra. Pour ce premier concert, Maurizio Pollini se présente seul et propose au public la confrontation de deux célèbres sonates de Beethoven avec une Deuxième de Boulez qui cite explicitement dans son dernier mouvement l’opus 106 du compositeur allemand.  L’élégance poétique et sans heurts démonstratifs si caractéristique du style Pollini trouve pour la « Tempête » beethovenienne l’équilibre parfait entre les soubresauts et les moments de grâce de cette sonate lourde et sombre d’atmosphère. Les débordements et fulgurances des premiers et derniers mouvements s’intègrent aux plages plus reposées et poétiques de la pièce avec un art de la continuité étonnant. Toute brutalité est exclue du toucher du pianiste italien, et si les tensions propres à la partition semblent préparées avec un soin extrême, elles n’éclatent ici qu’avec une force plus saisissante encore. L’andante con moto de la sonate « Appassionata » procède d’un même esprit : lyrisme puissant et intensément poétique, mais au pathos grave et inexorable dès lors que l’humeur du mouvement s’assombrit. La manière dont Pollini exécute le presto final de ce même opus 57 est tout aussi impressionnant : note après note, sans en avoir l’air, le pianiste endiable les dernières mesures avec une vigueur phénoménale. Ce Beethoven est celui d’un noble et prodigieux prestidigitateur. Lorsque vient le temps de la seconde sonate de Boulez, monstre pianistique de trente minutes d’une redoutable complexité, c’est avant tout la facilité du pianiste qui surprend. Maurizio Pollini confère à cette musique une évidence poétique, une fluidité des sons et du mouvement aussi, qui ne manquent pas de laisser admiratif et ravi. Pour peu, on croirait volontiers que cette pièce est d’ores et déjà un classique… mais soixante ans ou presque après sa création, n’est-ce pas déjà le cas ? Pierre Boulez présent dans la salle rejoint, la dernière mesure de la fugue finale achevée, le pianiste pour partager l’ovation reçue par Maurizio Pollini. Leur complicité affichée aiguise déjà l’appétit quant à leur prochaine rencontre le 31 mars, pour un programme entièrement consacré à l’Ecole de Vienne, et qui verra également la participation de Petra Lang et de l’Ensemble Intercontemporain.  

Publié dans Saison 2008-2009

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