Concertgebouw, Pleyel, 11/04/2009

Publié le par Friedmund

 

 

Ludwig Van Beethoven

Ouverture de Coriolan

Wolfgang Amadeus Mozart

Concerto pour piano n°27

 

Ludwig van Beethoven

Ouverture des Créatures de Prométhée

Symphonie n°8

Wolfgang Amadeus Mozart

Ouverture des Noces de Figaro (bis)

 

Orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam

Ivan Fischer, direction

Radu Lupu, piano

 

 

Les premières mesures de Coriolan ne laissent aucun doute : cette richesse inouïe de l’étoffe et le son plus mat et sombre qu’à l’habitude sont bien ceux de l’orchestre du Concertgebouw d’Amsterdam. S’il est permis de gloser à l’infini sur la brillance technique des formations américaines, ou bien sur l’âme musicale de leurs homologues allemands, l’orchestre centenaire possède un son qui n’est qu’à lui, capiteux mais aux fragrances multiples et d’une irrésistible finesse. Jamais encore cette saison je crois avoir tressailli d’une joie radieuse à l’audition des traits d’un basson, d’un hautbois ou d’une flûte. Cette petite harmonie est peut-être la plus belle au monde, et une des plus renommées à juste titre. Les cordes, fusionnées et homogènes, forment un tapis sonore somptueux, châtié et retenu, sur lequel se brodent délicatement des bois onctueux et des cuivres de grand luxe. L’ivresse sonore est totale. Ce matériau exceptionnel trouve en Ivan Fischer un chef qui le modèle avec autant d’élégance que d’énergie. L’ouverture Coriolan trace d’emblée les contours d’une baguette beethovénienne tendue, précise, jubilatoire. Aucun moment de relâchement, tout respire ici la musique et l’énergie. Mozart trouve le chef hongrois avant tout musicien et coloriste, soucieux de mettre en valeur la délicatesse prodigieuse de ses bois. L’épaisseur de la pâte orchestrale, aussi sophistiquée soit-elle, pourrait paraître un peu riche pour Mozart. Pourtant, devant tant de beautés, il n’y a plus qu’à rendre les armes et écouter, admiratif pour ne pas dire béat, les oreilles grandes ouvertes. Le piano rêveur de Radu Lupu, poétique et sensible, partage avec cet orchestre le même souci d’une musicalité délicate et fine. L’osmose avec les pupitres est palpable, et de la main ou du regard, plus d’une fois l’artiste accompagne et soutient les pupitres, comme s’il suppléait en somme le chef d’orchestre dans les nombreux dialogues entre piano et instrumentistes. Le résultat est confondant de splendeur sonore, enivrant. En seconde partie, Prométhée renoue avec l’énergie dionysiaque d’un Fischer décidément à son avantage chez Beethoven. La Huitième à suivre est de bout en bout pure jubilation. Ivan Fischer, tout de verve et de joie, souligne à merveille tout ce qui rappelle Haydn dans cette spirituelle et ludique symphonie. A la beauté musicale et à la précision s’ajoute alors une communicative et joyeuse vitalité pour une vingtaine de minutes électrisante. Donnée en bis, l’ouverture des Noces de Figaro, folle et ébouriffée, achève dans le même esprit un concert dont je suis ressorti heureux comme rarement, gonflé à bloc de toute l’énergie positive si généreuse dispensée par les pupitres du Concertgebouw et par leur chef.    

 

 

Publié dans Saison 2008-2009

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :