Alceste, Baker - Mackerras (Ponto)

Publié le par Friedmund

Cette Alceste est vraiment d'une grande tragédienne, peut-être la plus humaine de la discographie. Pourtant, j'émets des réserves, non pas tant sur la voix qui ne suit pas toujours le mot (l'intensité de la projection déclamatoire gluckiste dans l'aigu est de toute façon inhumaine), mais sur le phrasé, sublime dans la douceur, mais parfois bien plébéien dans l'agitation. Pour tout dire, je trouve plus de noblesse à Jessye Norman, également plus à l'aise vocalement et plus proche d'un personnage classique dans sa composition (quelle majesté!).

De manière générale, Norman à l'instar de Flagstad, et à l'encontre de Callas et Baker, me semble déployer une noblesse, une retenue, mais aussi une sûreté du ton, un marbre vocal et une plénitude du phrasé qui délivrent mieux le sublime de ce drame et de cette musique. La tenue marmoréenne des voix de Norman et Flagstad laisse couler la musique et sublime le drame: et si trop d'affects réduisait l'efficacité de ce génial opéra?

Pour compléter mon sentiment sur le live londonien de Baker, j'y ai apprécié l'orchestre (ne serait-ce des tempi parfois trop uniformément rapides) et les clés de fa, mais l'Admète de Tear me fut une vraie peine entre les scories de la langue parfois bien laides, l'aigu arraché sans cesse et qui hache les phrasés, et surtout le manque d'élégance général de cette incarnation; à noter que Mackerras le ménage au maximum en coupant son Bannis les craintes au II, ainsi que le redoutable emportement du III Que votre main barbare. Son remarquable pour un live, sauf au II (duo très perturbé, et scène finale très abîmée)

A mon sens, la version Orfeo de Baudo, malgré les raideurs du chef, continue de dominer la discographie. La concurrence est de toute façon impossible: les intégrales Decca de Flagstad et le live de Callas sont plombés par les chefs et les chanteurs une fois passées les fulgurance de nos deux divas, et la version Gardiner est pour sa part plombée par Von Otter et les options bizarres du chef qui mêle les versions de Vienne et de Paris, et invoque Berlioz pour justifier ses tripatouillages).

Je n'ai pas entendu par contre la version Naxos qui ne me semble guère emballante (d'autant plus que c'est la version de 1767).

 

Publié dans Disques et livres

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