Elisir d'amore, Bastille, 12/07/2006

Publié le par Friedmund

J'ai passé une bonne soirée ce 12 juillet à Bastille: tout le mérite en revient à Pelly dont la mise en scène colorée et imaginative est une vraie réussite, du genre dont on fait les classiques de fonds de répertoire. Tout juste noterais-je l'absence de la pointe de mélancolie et de fausse gravité qui sied à l'oeuvre, mais c'était là son parti pris et il l'a parfaitement réussi.

Par contre, j'avoue être beaucoup plus dubitatif sur l'aspect musical de la soirée, quand même bien médiocre. D'abord un chef mou, sans grâce ni humour, lent, fade et sans imagination; je ne me réjouis pas particulièrement ce soir qu'il devienne le nouveau chef à tout faire de l'ONP... Ensuite, et surtout, je n'ose pas imaginer ce que donnait Groves si on encense Muzek en comparaison! La voix se tend dès qu'approche le passage, la ligne est toujours pleine de scories, ça savonne ferme de temps à autre, et les tripatouillages de changements de registres tuent toute musicalité et coloration à sa Furtiva lagrima. Comme en plus le charisme n'est là ni dans le timbre, ni dans le texte (Esulti pur la barbara plat au possible...), ni dans la ligne, le résultat devient fade, incolore, pataud, et pour tout dire à mille lieues de ce que l'on peut attendre de l'ONP: quand même ce ne sont pas les excellents Nemorino qui manquent aujourd'hui! La jolie couleur de Syurina est par contre un pur plaisir... dont le degré de dissipation est malheureusement à l'échelle de la salle: quelle idée de jouer l'Elixir à Bastille tout de même!!! La prestation de Rinaldi est indéfendable. Ce n'est pas parce que le rôle est bouffe qu'on est autorisé à y distribuer un chanteur à bout de voix, sans aigu, sans souffle, sans vocalise, maquillant naturellement tout ça derrière une verve bien accentuée. Passe encore quand on a le charisme d'un Raimondi, mais la révolution belcantiste est passée par là, et désormais on peut s'attendre à entendre Donizetti chanté, y compris dans les rôles bouffes. Kwiecien est superbe en Belcore, seule vraie et pleine satisfaction musicale de la soirée.

Bref un spectacle des plus agréables, mais une prestation musicale de province... et pas de la meilleure.

 

Publié dans Saison 2005-2006

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