Herreweghe-Queyras, Pleyel, 03/11/2009

Publié le par Friedmund

 

Robert Schumann :

Ouverture « Les Hébrides »

Concerto pour violoncelle

Symphonie n°3 « Rhénane »

 

Jean-Sébastien Bach :

Suite pour violoncelle n°1, sarabande (bis)

Jean-Louis Duport :

Etude pour violoncelle n°7 (bis)

 

Orchestre des Champs-Elysées

Jean-Guihen Queyras, violoncelle

Philippe Herreweghe, direction

 

 

Dans le cours d’une saison, le rendez-vous annuel avec Philippe Herreweghe et son Orchestre des Champs-Elysées est une date que je ne veux pas rater. Ses deux derniers concerts l'année dernière, Mahler-Bruckner en février puis Haydn-Beethoven en septembre, restent dans ma mémoire comme des moments de musique précieux, authentiques et sans ostentation, de ceux que je préfère.

 

A l’honneur de l’affiche cette année Robert Schumann, avec, tout comme la saison dernière, Jean-Guihen Queyras comme soliste invité. Les Hébrides rappellent d’emblée les principales caractéristiques de ce bel orchestre : cordes virtuoses et comme feutrées, bois colorés et onctueux, cuivres parfaits et ronds, timbales précises et bien maîtrisées. Herreweghe emporte le tout avec son sens de l’articulation, de l’équilibre, de la mesure, qui ne prive pourtant pas ci et là de toutes les déferlantes d’embruns que contient cette page. Lorsque vient le moment du concerto pour violoncelle, c’est surtout le soliste qui retient l’attention. Non pas que l’orchestre soit défaillant, il présente là encore toutes ses immenses qualités, mais tout simplement parce que le soliste intéresse et émeut en permanence. Son violoncelle chante sensible et pudique toute la tendresse de Schumann, tous ses tendres soubresauts émotionnels. Queyras déploie ici toute sa fine subtilité, toute sa musicalité habitée, comme emplie d’humanité. La sarabande de Bach en bis fige par sa retenue, son dépouillement ; son âme en somme. L’étude de Duport se métamorphose sous son archet comme une onde que l’oreille poursuit dans chacune de ses vibrations. Quel bel artiste !

 

La seconde partie nous sert la Rhénane en plat de résistance. Le concert présente, à quelques nuances près, les mêmes options d’ensemble que le bel enregistrement réalisé précédemment pour Harmonia Mundi. L’introductif Lebhaft enchante par sa mesure, son juste équilibre, ses couleurs. Peut-être les premières minutes se retrouvent-elles sur-articulées, comme saccadées parfois ; l’envolée conclusive est quant à elle glorieuse et pleine, pur régal de rondeur orchestrale. Le scherzo à suivre danse admirablement, dans un mouvement doux et emporté à la fois, délicieux, et où les cuivres brillent par leur subtilité, leur beauté, leur perfection. L’andante passe plus convenu, indéniablement fin, mais sans retenir l’oreille outre mesure. Le Feierlich se déroule plein, intense, vraiment majestueux, dans une pâte orchestrale d’une richesse éblouissante, sans lourdeur aucune. Le finale est jubilatoire, feu d’artifices de couleurs, d’intonations, d’énergie contenue mais bien réelle. En somme, un beau concert.    

 

Publié dans Saison 2009-2010

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