Clemenza di Tito, Garnier, 22/05/2005

Publié le par Friedmund

Décevant.

D'abord une mise en scène ridicule à plus d'un moment avec quelques moments délectables au second degré (la statue qui brûle au final du I, la jolie barque de Servilia, le faux serpent métallique dans lequel Tito tape rageusement, les cendres de pacotilles qui tombent du plafond... et la direction d'acteurs - pauvre Prégardien, avec ces gestes caricaturaux pendant se all'impero, bombant le torse, pointant le trône du doigt, perdant une partie du costume...). Franchement, à certains moments ma place 'sans visibilité' en avait encore bien trop pour moi.

Et puis Cambreling: lourdingue, sans grâce, lent, sans vie, sans nuance. Quand Vitellia reprend Non piu di fiori pianissimo, le cor de basset continue forte bien calmement, comme si de rien n'était... Est-il encore possible de diriger Mozart comme cela en 2005? On se serait cru dans un théâtre allemand de seconde zone des années 50. Quand on pense que c'est Cambreling qui est intronisé mozartien-en-chef la saison prochaine pour Nozze et Don Giovanni, ça promet...

Heureusement les chanteurs sont là pour nous faire un peu oublier la médiocrité qui sévit sur la scène et dans la fosse. Graham est superbe en Sesto, même si la voix est un peu plus dure qu'auparavant et si le tout manque d'un poil de magnétisme. Prégardien est simplement magnifique de voix, d'élégance et de style... dommage pour lui que son Se all'impero, mal parti en voix dès le début et terminé par un couac, soit son seul moment de faiblesse passagère. Vu ce que le metteur en scène lui a demandé à ce moment là, il sera tout excusé : on resterait sans voix et déconcentré pour bien moins ; même un Simoneau y aurait perdu sans doute toute poésie. Naglestad souffre dans sa scène d'entrée (les vocalises sont copieusement savonnées), mais se rattrape dans un beau Non piu di fiori. De tout de façon, on devine que ce n'est pas là son répertoire: voix puissante et dramatique, elle s'affirmera mieux ailleurs je pense. Roland Bracht c'est peut-être du luxe en Publio, mais bien inutile: la présence scénique et le volume vocal ne font pas oublier que tout ça sent la fatigue et le chant mal dégrossi. L'Annio de Hannah Ester Minutillio est par contre très présent, et la Servilia de Ekaterina Siurina est simplement délicieuse à tous égards.

Publié dans Saison 2004-2005

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