Radio Bavaroise, Champs-Elysées, 30/11/2008

Publié le par Friedmund

 

 

Wolfgang Amadeus Mozart :

Symphonie n°36 en ut majeur « Linz »

 

Anton Bruckner :

Symphonie n°4 en mi bémol majeur « Romantique »

 

Symphonieorchester des Bayerischen Rundfunks

Mariss Jansons, direction

 

 

J’avais beaucoup apprécié le précédent concert que les bavarois et leur chef avaient donné au Théâtre des Champs-Elysées. Je sors de cette nouvelle rencontre mi-figue mi-raisin, ou pour être plus précis désagréablement assoupi. Ceci ne remet bien sûr pas en cause les qualités de l’Orchestre de la Radio Bavaroise, sans doute un des meilleurs au monde. La qualité sonore de la formation reste extraordinaire de beauté et d’élégance et chacun des pupitres se révèle brillantissime à l’écoute. Ironiquement, je dirais que tout est ici tellement joli que cela en devient ennuyeux. Et le chef en est sans doute ce soir le principal responsable. La première partie nous offre ainsi un Mozart comme j’ignorais qu’on l’osait encore. Mariss Jansons étire des tempi sans âme ni vie, et si l’orchestre demeure brillant et d’un son souvent sublime, l’ennui guette à chaque mesure. La symphonie n°36  « Linz » n’est après tout qu’une œuvre de circonstance écrite en une poignée de jours à peine et rien ne justifie dans son écriture qu’on s’y appesantisse outre mesure. Dirigée avec une telle lenteur et avec un tel parti pris d’enjolivement, la musique de Mozart semble s’effriter et perdre sa structure et son mouvement. Le premier mouvement paraît massif là où Mozart l’indique con spirito,  on défie quiconque de danser un menuet au rythme mollasson et empesé du troisième mouvement, et enfin le finale presto affiche la pulsation métronomique d’un andante.  Déjà à la pause, une bouffée d’air bien frais se révèle urgente pour abandonner la lasse torpeur induite par cette première partie.

 

Au retour de l’entracte, Bruckner s’annonce plus en phase avec les qualités de l’orchestre et du chef. Las, l’interprétation pèche à nouveau, mais pour d’autres raisons. La quatrième symphonie de Bruckner et ses références à la chevalerie médiévale ne présentent certes pas une partition d’une grande légèreté. Faut-il pourtant abonder à la dérive grandiloquente de la partition ? Mariss Jansons joue la carte de l’héroïsme au premier degré et déchaîne les foudres de son orchestre, tous cuivres dehors. Les partisans d’un Bruckner colossal, lent et sonore, pour rester poli, ont certainement du apprécier. Malheureusement pour moi, je n’en suis pas, et je préfère toujours entendre cette musique débarrassée de toute tentation post-romantique, à la merveilleuse façon d’un Philippe Herreweghe par exemple.

 

Sous la baguette de Mariss Jansons, la dynamique médiane est ici le fortissimo et le tempo frôle l’apathie. De surcroît, toute recherche d’appui ou d’effet supplémentaire se fait par le chef constamment vers le surplus de décibels ou par la décélération d’un geste déjà ample. Si on admire la capacité des bavarois à conserver une rondeur sonore d’une étonnante beauté en toute circonstance, le résultat finit par assommer et lasser par sa monotonie. Tout ce que cette partition offre en richesse d’atmosphères si différentes, de climats inopinés,  tombe ici à l’eau au profit d’une uniformité colossale et terriblement pesante, privée de toute respiration et de toute animation interne. Alors on goûte ci et là quelques phrasés majestueux des cordes, la douceur des interventions du hautbois et de la flûte traversière, la maîtrise technique sans faille du timbalier, ou encore le phrasé ample et majestueux de l’andante, très impressionnant dans son pathos appuyé mais non dépourvu de noblesse. Et, faute d’avoir osé fuir à l’issue du scherzo à l’instar de certains de mes voisins, j’ai même trouvé une amélioration sensible de l’interprétation lors d’un finale mieux aéré et joliment pulsé. Il est pourtant déjà trop tard, et le silence relatif de la nuit parisienne se révèle vite un soulagement après tant de magnifiques décibels tant rallongés.

 

 

Publié dans Saison 2008-2009

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